Résumé
En 1978, H. Weiss et l’université de Yale commencèrent à fouiller Tell Leilan, grand site ovale entouré de murs, localisé dans le nord-est de la Syrie, dans la plaine du Habur, à environ 25 km au sud de Qamichli, identifié à l’ancienne Šehna/Šubat-Enlil. Les fouilles mirent au jour des vestiges datant de l’époque paléo-babylonienne (1900-1700 av. J.-C.), notamment un temple monumental situé sur l’acropole ainsi que deux palais situés dans la ville basse, au nord et à l’est. La partie sud de la ville basse comporte les traces d’une occupation résidentielle pendant la seconde moitié du IIIe millénaire.
Le site livra de nombreux textes paléo-babyloniens : 122 textes administratifs issus des fouilles de l’acropole datent des règnes de Samsi-Addu, Tarum-natki et Haya-abum, près de 600 tablettes de diverses natures (textes administratifs, lettres et traités) proviennent du palais est de la ville basse et datent principalement des règnes de Mutiya, Till-Abnu et Yakun-Ašar et environ 650 textes administratifs, scellés par des serviteurs de Qarni-Lim d’Andarig et concernant principalement de la bière, furent extraits du palais nord de la ville basse.
Parmi ces trouvailles épigraphiques, une vingtaine de textes administratifs concernent huiles et graisses animales. Ces derniers, uniquement connus par le travail doctoral de deux étudiants, Cl. Vincente et F. Ismail, soutenus en 1991, documentent non seulement les types de lipides disponibles dans la région mais aussi leur gestion ainsi que des pratiques archivistiques. L’étude de ces documents, souvent considérés comme insignifiants, permet d’illustrer la richesse des informations que l’on peut extraire d’un corpus pourvu d’un contexte archéologique.