En juin 1882, le bibliste et éthiopisant August Dillmann, professeur à l'Université Humboldt de Berlin, achevait l'avant-propos de la première partie des Actes du Cinquième Congrès des Orientalistes qui s'était tenu à Berlin en septembre 1881 ; elle était dévolue à la publication des sections sémitique et africaine. La contribution qui portait le numéro XIV était celle de J. N. Strassmaier, intitulée « Les contrats paléo-babyloniens de Warka ». Comprenant 50 pages et pas moins de 144 planches, c'était la première publication de documents d'archives paléo-babyloniens.
140 ans plus tard, où en sommes-nous ? Le nombre de textes a crû de façon vertigineuse, puisqu’il dépasse désormais le chiffre de 35 000. On a donc une moyenne de 250 textes publiés par an. Mais le rythme s'est accéléré : ces dix dernières années, il est en effet passé à une moyenne de 320 textes par an – près d'un texte nouveau par jour ! Au-delà de ces chiffres bruts, il faut souligner la qualité des données ainsi disponibles. Les genres attestés sont très variés, avec des textes parfois très explicites (lettres, procès, etc.), mais aussi des séries signifiantes pour des textes plus laconiques comme les documents comptables. Beaucoup de tablettes ont été retrouvées dans un contexte archéologique documenté ; beaucoup d'autres peuvent être regroupées en dossiers, grâce à la prosopographie, l'étude des collections, etc. À partir de ces archives, de nombreuses études ont été réalisées, qui portent sur tous les aspects de la civilisation mésopotamienne de la première moitié du deuxième millénaire av. J.-C.
L'anniversaire symboliquement choisi doit être non seulement l'occasion d'un bilan, mais aussi l'opportunité d'ouvrir de nouvelles perspectives. Pour cela, un colloque est organisé par la chaire Civilisation mésopotamienne du Collège de France les 25 et 26 mai 2023, lors duquel sera présenté le nouveau projet PCEHM (« Pouvoir et culture écrite en Haute-Mésopotamie, XVIIIe siècle av. J.-C. ») financé par l'ANR (2022-2026).