Résumé
Tous les sentiments qui animèrent la population française après la débâcle furent certainement ressentis en Bretagne, mais s’y ajoutèrent ceux qu’un entre-deux-guerres marqué par les militantismes régionaliste, autonomiste et parfois même séparatiste, avait instillés. De bon gré ou placé devant le fait accompli, le monde de l’architecture y avait pris sa part, formulant des hypothèses et des souhaits qui purent profiter de « la monstrueuse occasion de la guerre » pour se concrétiser. Divers organismes s’y consacrèrent, parfois à caractère associatif (Institut Celtique de Bretagne), parfois imaginés par l’État français pour faire contre-feu (Comité Consultatif de Bretagne). Ils s’évertuèrent à orienter le débat et à forger les cadres d’une production architecturale en conformité avec l’idée qu’ils se faisaient d’une Bretagne maîtresse de sa destinée. Mais ils tentèrent aussi de se constituer en tutelle de la profession, notamment par l’entremise du conseil régional de l’Ordre des architectes. Les nombreuses reconstructions à venir offraient évidemment une perspective considérable à ces visées, qui surent se prévaloir de vertus protectionnistes.
La communication reviendra brièvement sur la genèse de ces intentions, puis présentera les vecteurs imaginés pour leur mise en application durant la guerre, avec souvent la bienveillance de l’occupant, mais également la participation de personnalités d’envergure nationale (Georges-Henri Rivière, André Dézarrois). Enfin, elle esquissera une réflexion sur ce qu’il advint au terme du conflit.