Résumé
La profession d’architecte a été réglementée sous le régime de Vichy par la création d’un Ordre corporatiste en décembre 1940. Dès ce moment, l’État français fit de la construction publique un élément de la Révolution nationale, proclamant que tous les aménagements urbains relevaient désormais de sa compétence et de son autorité. Le nouveau régime comblait ainsi une profession touchée par le marasme d’avant-guerre et les contraintes de l’Occupation. L’adhésion au régime semblait donc logique pour une profession en grande partie composée de notables, pénétrés de l’importance de l’architecture et du rôle social des bâtisseurs, se sentant, de surcroît, aidés dans leur mission au plus haut niveau de l’État. On trouve peu de grands noms de l’architecture parmi les opposants à Vichy.
Dès lors que les architectes, en tant que groupe professionnel, ont dans leur ensemble adhéré avec un certain enthousiasme aux nouvelles structures administratives mises en place entre 1941 et 1943, l’épuration a-t-elle été plus sévère pour eux que pour d’autres corps de métiers ou leur activité a-t-elle été considérée, selon la doctrine des pouvoirs publics issus de la Résistance, comme essentiellement technique ne méritant pas de graves sanctions ?