L'endomicroscopie confocale est une nouvelle technique d'imagerie qui permet de visualiser en temps réel, à l'échelle cellulaire et de manière dynamique, la structure d'un tissu ou d'un organe, sain ou pathologique. La conférence envisage les applications de l'endomicroscopie en pathologie digestive. En effet, les cancers digestifs, notamment les cancers colorectaux, représentent de par leur fréquence un enjeu majeur de santé publique (plus de 35 000 nouveaux cas et 17 000 morts chaque année en France). Les cancers coliques comme les cancers de l'œsophage se développent le plus souvent sur une lésion précancéreuse (polype adénomateux dans le premier cas, endobrachyœsophage dans le second). Les progrès de l'endoscopie diagnostique et thérapeutique permettent non seulement un diagnostic plus précoce mais, surtout, la reconnaissance de ces lésions précancéreuses et leur ablation (par exérèse endoscopique ou destruction in situ) par des méthodes beaucoup moins invasives que la chirurgie. La suppression de ces lésions précancéreuses assure ainsi une véritable prévention, seule garante d'une espérance et d'une qualité de vie préservées.
Malheureusement, les techniques actuelles se heurtent encore à de nombreuses limites : (i) sensibilité diagnostique insuffisante, par exemple dans le cas des cancers des voies biliaires (ii) nécessité de multiplier les prélèvements (biopsies) afin de les adresser au laboratoire d'anatomie pathologique pour réaliser dans un second temps l'analyse histologique (iii) nécessité de répéter les examens endoscopiques et de pratiquer les biopsies à l'aveugle de façon aléatoire lorsque les lésions précancéreuses (dysplasies de différents grades) ne sont pas visibles à l'œil nu en endoscopie standard (même de haute définition) (iv) absence d'individualisation de la prise en charge thérapeutique selon la nature de la lésion, par exemple ablation de tous les polypes coliques même de ceux dépourvus de potentiel de transformation cancéreuse. Ce même souci de développer une médecine plus personnalisée se retrouve avec les maladies inflammatoires chroniques intestinales (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique) qui ont bénéficié d'avancées thérapeutiques majeures (anticorps anti-TNF) au cours de la dernière décennie mais qui ne justifient pas dans tous les cas de thérapies biologiques lourdes et coûteuses.
