Résumé
Comment lire ? De façon « postextuelle », propose Franc Schuerewegen, c’est-à-dire en remettant en cause l’autorité du texte. Le texte en effet est peu de choses. Il est une série d’instructions pour la fabrication d’un objet qui commence à exister quand le texte est lu, et que la lecture peut modifier et transformer. Comme la partition de musique, le texte est une série d’instructions qui permettent à l’œuvre d’être partagée. Mais comment savoir ce qu’est une bonne interprétation, et comment la distinguer de la mauvaise ou de la moins bonne ?
Pour le théoricien de la littérature Stanley Fish, la lecture littéraire consiste en l’application d’une série de procédés qui permettent au texte d’exister. Pour Fish, le texte est presque rien. Mais il existe une instance régulatrice de la lecture, qui fait autorité : la communauté interprétative, dont nous avons intériorisé les contraintes. En mettant en évidence le poids de cette instance sociale, Fish montre qu’on ne peut se contenter d’arguments textuels pour penser la question de la bonne ou de la mauvaise lecture.
Un texte ne se laisse pas toujours facilement saisir. Les exemples donnés par Raymond Picard, le grand ennemi de Roland Barthes, le mettent en évidence : certaines pièces de Molière se rapprochent du tragique et il y a, à l’inverse, du comique chez Racine. Un texte peut être lu de façons différentes, dans les limites cependant des contraintes exercées par la communauté interprétative.