Résumé
À partir de la notion d’espace potentiel élaboré par le psychanalyste Winnicot et dans le sillage des réflexions de celui-ci sur la culture comme pratiques sophistiquées de jeu, Mme Hélène Merlin-Kajman propose de considérer la lecture comme un espace transitionnel, où se constituent le rapport et le passage entre monde externe et monde interne. Elle interroge le rôle du critique dans ce rapport : comment le critique peut-il entrer dans l’œuvre sans briser cet espace ? Selon le psychanalyste André Green, il ne le peut pas. Mme Hélène Merlin-Kajman nuance l’affirmation de ce dernier. S’appuyant sur les expérimentations qu’elle réalise avec d’autres sur l’espace numérique Transitions, la professeure de littérature française montre qu’une interprétation ne brisant pas l’espace potentiel est possible. C’est ce qu’elle nomme la lecture transitionnelle et qu’elle définit non pas comme une herméneutique particulière, mais comme une qualité de lecture telle que le commentaire ne détruise pas la transitionnalité du texte. L’enseignement a vocation à maintenir cet espace transitionnel souple, sans le briser.