Résumé
Depuis la « mort de l’auteur » de Barthes, on sait qu’il faut séparer l’auteur d’un texte de fiction et son narrateur. Cependant, certains propos engendrent des tensions qui poussent le lecteur à se demander qui parle, qui est responsable de l’énoncé en question : est-ce l’auteur en tant qu’individu, en tant qu’écrivain ? Est-ce le personnage ou une espèce de sagesse universelle ?
Il peut difficilement y avoir de réponse univoque à ces questionnements, qui sont pourtant précieux pour la compréhension de l’œuvre. En effet, le jugement du lecteur sur la valeur esthétique, morale, voire aléthique, de l’œuvre dépend de l’attribution de la responsabilité de ces énoncés. La polyphonie du texte engendre, par son ambiguïté, une multiplicité interprétative enrichissant la compréhension et la réappropriation individuelle de l’œuvre : au lieu de nier ces questionnements, les nourrir et les problématiser permet de complexifier l’interprétation en lui rendant son épaisseur polyphonique.
