Résumé
Le film La Bataille d’Alger (1966) naît de la rencontre entre le réalisateur italien Gillo Pontecorvo et Yacef Saâdi, un des chefs militaires du Front de Libération Nationale. Joué principalement par des non-professionnels et parfois par les véritables combattants, le film brouille, dès son tournage, la frontière entre réalité et fiction.
Sa réception consolide une autofiction algérienne et une fiction internationale : la volonté du gouvernement algérien de réécrire l’histoire croise le besoin occidental de mythifier la lutte pour l’indépendance. Ainsi, perçu comme un documentaire, le film légitime la violence contre l’occupation, dissimule l’illégitimité politique du coup d’État de 1965 et réécrit l’histoire dans un système manichéen qui convient à ceux qui refusent de voir un lien entre cette période et la guerre civile des années 1990.
À quel moment la fiction se confond-elle avec l’histoire ? Et comment les distinguer là où l’ontologie même de l’écriture est niée, quand on mythifie la réalité et qu’on emprisonne les écrivains ?