Résumé
Le contexte et la vocalisation font de l’hébreu une des langues les plus polysémiques. Le lecteur de la Bible est constamment amené à opérer des arbitrages : il faut accepter le malentendu, ou plutôt le mal-lu, et l’impossibilité d’une interprétation fidèle, fiable et univoque. La version populaire de l’histoire de la côte d’Adam, par exemple, pourrait être relue différemment : si l’on restituait la polysémie du terme hébreu צלע, il serait possible de questionner la masculinité archétypale et le rôle secondaire du féminin.
La lecture est un choix actif. Si nos interprétations sont surtout tributaires de ce que l’on a voulu lire dans le texte dans le passé, il est important de reconstruire le contexte socio-historique de toute exégèse et de percevoir la tradition et la transmission comme des remodelages. Les pensées fondamentalistes seraient mises à distance si l’on acceptait de vivre la religion selon l’étymologie cicéronienne du relire, et de la réinterpréter en fonction de l’évolution des sensibilités.