La multicellularité appelle une information de position. Dès que nous avons affaire à 2 cellules et que cet assemblage est plus que 1 + 1, une différenciation doit s’ensuivre dont le premier pas est de savoir qui est devant et qui est derrière, qui est dessus et qui est dessous. En m’en tenant à deux embranchements (arthropodes et vertébrés), je suis parti d’un gène « de l’avant », c’est-à-dire Otx2 et ses orthologues que l’on trouve dès les premier métazoaires, en tout cas déjà chez les cnidaires.
Le système nerveux central antérieur de la mouche est composé de trois ganglions, proto-, deuto- et trito-cerebrum et Otd est exprimé essentiellement dans les deux premiers ganglions. De même Otx2 est exprimé, chez la souris, depuis l’avant du cerveau jusqu’à la frontière entre métencéphale et mésencéphale. La délétion d’Otd chez la mouche et d’Otx2 chez la souris conduit au même phénotype de perte du cerveau antérieur. D’où une homologie évolutive (orthologie) des gènes qui se retrouve aussi au niveau des sites d’expression et de la fonction. En effet, si on remplace Otd par Otx2 de souris ou humain, la mouche retrouve la tête. D’où la question : le gène de mouche peut-il remplacer le gène murin ?