Résumé
À l’époque de la jeunesse de Proust, le terme essayiste n’est pas courant. Ce néologisme venu de l’anglais s’est très lentement installé en France au XIXe siècle. La critique consacrée au genre de l’essai fait remonter l’usage du mot à 1842, date à laquelle, dans la troisième préface à De l’amour, Stendhal présente tour à tour le livre comme un « essai » et une « physiologie ». La même année, Gautier publie une chronique sur le peintre William Hogarth, trop moraliste à son goût. Il lui reproche sa conception utilitariste de l’œuvre d’art, qui illustre toujours une thèse : à ses yeux, Hogarth est plus un « essayiste », un « écrivain de mœurs » qu’un peintre de talent. Pour trouver des occurrences plus anciennes de ce « mot emprunté aux anglais », qui ne figure pas encore dans les dictionnaires français, il faut examiner les revues venues d’outre-Manche. Dès 1830, La Revue britannique fait référence aux « auteurs d’essais périodiques », aux premiers rangs desquels figure Macaulay, poète, historien, homme politique et auteur de plusieurs essais. C’est à lui que La Revue des Deux Mondes fait référence lorsqu’elle évoque les essayists anglais.