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Résumé
Depuis Régine Pernoud et Georges Duby, une tradition, dont l’influence dépasse le cadre historiographique, situe dans la seconde moitié du XIIe siècle, au temps d’Hildegarde de Bingen et d’Aliénor d’Aquitaine, un paradis perdu de la condition féminine. On s’interroge sur le regain actuel d’une veine de recherche désireuse d’aller chercher, dans le passé médiéval, les destins exemplaires de femmes d’exception. Au-delà de la question de la domination symbolique du rang et de l’honneur du queenship, comment évaluer l’effectivité de l’exercice du pouvoir, et passer ainsi de l’archéologie du charisme à la généalogie de la gouvernementalité ? La question débouche sur l’analyse de traditions politiques qui, en France surtout, assigne un sexe aux systèmes de pouvoir : contrairement peut-être à l’empire, le cadre monarchique, et les contraintes qu’il fait peser sur le sang, l’alliance, mais aussi les définitions de genre, impose l’idée d’un mâle royaume.
Sommaire
- L’histoire des sociétés anciennes est-elle aujourd’hui encore un « passé utilisable » ? (Hayden White, Le Passé s’écrit [2014], Paris, 2017)
- Sexe roi, argent roi : et si c’était plus simple ?
- « C’était cela qu’il fallait penser : désir, valeur et simulacre » (lettre de Michel Foucault à Pierre Klossowski, hiver 1970)
- « Les Filles au Moyen Âge » (film de Hubert Viel, 2015) : un revival rohmérien
- Le Moyen Âge rêvé, paradis perdu de la condition féminine
- Femmes d’exception, femmes exemplaires, femmes puissantes (Régine Pernoud, La Femme au Moyen Âge, Paris, 1980)
- La Femme, « une femme », des femmes : le pouvoir du nom
- « Je crois aussi pouvoir situer vers 1180 le moment où leur condition fut quelque peu rehaussée, où les chevaliers et les prêtres s’accoutumèrent à débattre avec elles » (Georges Duby, Dames du XIIe siècle, Paris, 1995)
- « Ton esprit est comme un mur battu par l’orage. Où que tu regardes, tu ne trouves nul repos » (lettre de Hildegarde à Bingen à Aliénor d’Aquitaine, 1174 ?)
- Pour saluer Martin Aurell (Aliénor d’Aquitaine. Souveraine femme, Paris, 2024)
- La « mauvaise réputation » d’Aliénor d’Aquitaine (Martin Aurell) : sexualité et orientalisation de la débauche, autour de l’affaire d’Antioche (mars-avril 1148)
- La Marie-Antoinette du XIIe siècle : « Vive et légère, fière et ambitieuse, elle crut ne s’être mariée que pour gouverner et jouir de tous les plaisirs » (Louis-Charles de Lavicomterie, Les Crimes des reines de France depuis le commencement de la monarchie jusqu’à Marie-Antoinette, Paris, 1793)
- Domina, « souveraine femme » et exercice du pouvoir : archéologie du charisme ou généalogie de la gouvernementalité ?
- Le précédent ottonien : les dominae imperiales de la fin du Xe siècle (Justine Audebrand, « Impératrices et abbesses : les dominae imperiales ottoniennes (Xe-XIe siècle) », Clio, 53, 2021)
- Emma et Aliénor : deux princesses étrangères entre deux royaumes
- Encomium Emmae Reginae : quand l’idée d’empire vient par les femmes (Fanny Madeline)
- Comme dans l’Énéide de Virgile, une fondation politique impériale qui ne repose pas sur l’identité mais sur l’altérité (Florence Dupont, Rome, la ville sans origine, Paris, 2011)
- Rang, honneur, statut : le queenship dans le cadre monarchique (Pauline Stafford, Queens, Concubines and Dowagers: The King's Wife in the Early Middle Ages, Leicester, 1998)
- La reine Adélaïde, « codétentrice d’une royauté à laquelle nous l’avons associée » (lettre de Hugues Capet à l’impératrice Théophano, 988)
- Princesse, épouse, mère, pacificatrice : les rôles féminins traditionnels de consors regni
- « Souveraine, elle fait figure d’épouse ; épouse, elle paraît sujette » (Fanny Cosandey, La Reine de France, symbole et pouvoir. XVe-XVIIIe siècle, Paris, 2000)
- Du queenship à l’empowerment : mesurer l’autorité diplomatique des reines par le nombre de souscriptions d’actes (« Actes écrits des femmes de pouvoir, XIIe-XVe siècle »)
- Discours sigillaire et dispositions diplomatiques (Lucie Jardot, Sceller et gouverner. Pratiques et représentations du pouvoir des comtesses de Flandre et de Hainaut (XIIIe-XVe siècles), Rennes, 2020)
- L’agency politique des « femmes au cœur d’hommes » (Marion Chaigne-Legouy)
- Réseaux, ressources, symboles et tyrannie magicienne (Garance Recoing, Les Reines de Norvège, Rennes, 2025)
- Réseaux : les équipes de pouvoir de Yolande de Flandre (Michelle Bubenicek, Quand les femmes gouvernent : Yolande de Flandre, droit et politique au XIVe siècle, Paris, 2002)
- Ressources : la table carnassière de Marguerite de France (Jean-Baptiste Santamaria, Marguerite de France, comtesse de Flandre, d’Artois et de Bourgogne (1312-1382). Une vie de princesse capétienne au temps des Valois, Turnhout, 2022)
- Symboles : la théâtralité des déplacements de Mahaut d’Artois (Christelle Balouzat-Loubet, Mahaut d’Artois. Une femme de pouvoir, Paris, 2015)
- Vierges terrestres et Vierge céleste : couples royaux et sursacralisation de l’office royal (Murielle Gaude-Ferragu, La Reine au Moyen Âge. Le pouvoir au féminin, XIVe-XVe siècle, Paris, 2014)
- L’assimilation théâtrale de la reine vierge au roi déchu « Je suis Richard, ne le savez-vous pas ? » (la reine Elisabeth 1re en 1601)
- Destitution, délégitimisation et démasculinisation de Richard II en 1399 (Chris Fletcher, Richard II: Manhood, Youth, and Politics, 1377-99, Oxford, 2008)
- En Angleterre et en Espagne, resserrement ou élargissement des alliances (Jean-Philippe Genet, « Une arme mortelle ? L’alliance royale dans les monarchies d’Occident au XVe siècle », dans Julie Claustre, Olivier Mattéoni et Nicolas Offenstadt dir., Un Moyen Âge pour aujourd’hui. Mélanges offerts à Claude Gauvard, Paris, PUF, 2010)
- En France, la mystique du sang capétien (Andrew Lewis, Le Sang royal. La famille capétienne et l’État, France Xe-XIVe siècles [1981], trad. franç. Paris, 1986)
- La crise dynastique de 1316-1328 et l’invention de la loi salique (Ralph E. Giesey, Le Rôle méconnu de la loi salique. La succession royale (XIVe-XVIe siècles), Paris, 2007)
- De terra à regnum : les humanistes, le genre du royaume et le « sexe viril » du pouvoir
- Le mâle royaume, jusqu’en 1791 (Éliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir. L’invention de la loi salique (Ve-XVIe siècle), Paris, 2006)
- « On ne peut douter [que le duc de Rohan] n’ait conçu du déplaisir de voir défaillir en sa personne cette généreuse tige, à laquelle tant de force et de gloire promettait l’immortalité » (Sylvie Steinberg, « “Au défaut des mâles”. Genre, succession féodale et idéologie nobiliaire (France, XVIe-XVIIe siècles), Annales, HSS, 2012)
- Une passion politique française : l’exclusion politique des femmes.