Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Les livres hybrides (2)

L’examen des livres composites se poursuit, révélant, chaque fois, des univers très différents : les textes non chrétiens appartiennent tantôt à la tradition pharaonique, tantôt à la tradition grecque, reprise telle quelle ou réactualisée, tandis que les textes chrétiens sont de nature tantôt biblique, tantôt patristique. Leur fonction varie, de la polémique antipaïenne à l’entraînement calligraphique, de la formation rhétorique aux activités médico-magiques. Chacun de ces microcosmes culturels montre ainsi la diversité du monde des livres et pousse à dépasser une opposition manichéenne pour accepter que plusieurs types de cultures chrétiennes et préchrétiennes puissent se compléter de façon parfois inattendue, selon la personnalité de leurs utilisateurs.

Il nous faut poursuivre cette sociologie des livres en cherchant désormais les lecteurs qui se cachent non plus derrière des livres isolés, mais derrière de vraies bibliothèques, plus à même de refléter la complexité de leur profil et de leurs intérêts.

Les bibliothèques de particuliers (1)

Les bibliothèques magiques

À l’orée du IVs., la première de ces bibliothèques est « la bibliothèque magique thébaine », composée d’une dizaine de livres magiques et alchimiques. Sa fonction et son contexte d’utilisation font encore l’objet de vives discussions chez les spécialistes. Mais avec cet ensemble de manuscrits comme avec les autres bibliothèques magiques et astrologiques livrées par les papyrus, nous avons de toute façon affaire à des fonds de textes à caractère professionnel ne permettant guère de dessiner précisément le profil culturel de leurs utilisateurs  et assurément pas leurs goûts littéraires  pour autant que leur contenu, très spécialisé, est conditionné par l’exercice d’une profession.

La bibliothèque d’Aurelius Ammôn

Une des premières véritables bibliothèques que l’on pourrait qualifier de privée est celle d’Aurelius Ammon, fils de Petearbeskhinis (Panopolis, IVs.) : ses livres retrouvés en même temps que les archives documentaires de sa famille offrent un excellent échantillon de l’attachement à l’hellénisme  dans sa forme la plus raffinée  de ces dernières générations de païens, associant les belles-lettres à la philosophie. Ammôn et sa famille préfigurent ce que sera au siècle suivant, dans le domaine de la philosophie, le cercle du païen Horapollon (originaire lui aussi de la région de Panopolis) et, dans celui de la poésie, les thébains Nonnos de Panopolis, Cyrus, et Pamprépios.

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