Après avoir tenté, l’an dernier, à partir des milliers de papyrus qui nous sont parvenus, une étude statistique de la réception de la littérature chrétienne aussi bien que classique (autrement dit produite par les auteurs préchrétiens) durant l’Antiquité tardive, nous essaierons cette année de redonner chair aux lecteurs de ces papyrus en creusant le lien qui les rattache à leurs livres à travers leurs bibliothèques. C’est en reconstituant ces dernières qu’il deviendra possible de replacer les livres dans le contexte de leurs lecteurs et de mieux cerner leur profil socio-culturel.
En scrutant le livre non comme une unité en soi mais comme un élément du tout qu’est la bibliothèque, nous nous poserons la question des rapports entre culture chrétienne et culture classique : les Anciens ont-ils traité indistinctement les livres relevant de chacune de ces cultures comme étant susceptibles de se mêler et d’interagir, ou bien, au contraire, comme appartenant à deux univers distincts et appelés à remplir des fonctions différentes ?