Résumé
La centralité du fait scolaire
La place centrale de l’école explique tout d’abord que l’État et l’Église s’y soient particulièrement intéressées durant la période qui nous occupe. L’enseignement devient en effet un objet d’attention croissant de la part du premier et, pour cette raison, est l’objet de toute une législation qui s’intensifie de Julien à Justinien et qui a pour but de le mettre en harmonie avec ses besoins (former des fonctionnaires efficaces) et ses valeurs (former des enseignants de bonne moralité).
Quant à l’Église, elle s’intéresse plus encore à l’école. Il est vrai que l’enjeu est pour elle capital, car il s’agit, dans un premier temps, de convertir les nouvelles générations au christianisme et, plus tard, d’offrir aux enfants des chrétiens une formation qui soit conforme à ses valeurs. Les pères de l’Église se mettent alors à réfléchir sur ce que doit être un enseignement qui s’inscrive dans le cadre d’une éducation chrétienne. Leur réflexion n’est pas que théorique. Ils ont été aussi, dans des contextes spécifiques, des enseignants et se sont frottés au problème de l’instruction. Ils ont été confrontés à la question de la forme de leur enseignement et de son institutionnalisation.
La documentation scolaire : ses biais et ses limites (1)
Comment tout cela se traduit-il dans la documentation papyrologique, la plus à même de nous faire entrer le plus concrètement possible dans le monde de l’enseignement à travers les nombreux textes laissés par les maîtres et leurs élèves ? Leur étude nécessite tout d’abord d’être conscient des biais ou des problèmes de délimitation et de définition que pose ce corpus. En premier lieu, il n’est pas toujours facile de dater les papyrus scolaires aussi précisément que les autres documents papyrologiques et de les replacer dans leur contexte géographique et socioculturel (comme la plupart des papyrus littéraires) ; en second lieu, on ne sait pas toujours si on a affaire à un modèle de maître ou exercice d’élève.
