Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Pour plonger dans l’enseignement primaire, nous nous aidons du Papyrus Bouriant 1, le livre d’un maître du VIsiècle, complété par d’autres témoignages papyrologiques.

Cet apprentissage se fixait quatre missions successives :

(1) Apprendre à écrire. L’élève commence à apprendre les lettres de l’alphabet et passe ensuite à la pratique en apprenant à écrire son nom et, très vite, en recopiant des textes suivis, souvent des sentences, parfois aussi des passages plus longs. Certains papyrus montrent que les exercices d’écriture précédaient même le stade d’initiation à la lecture et que l’on faisait recopier aux enfants des textes qui leur sont incompréhensibles. Cette pédagogie, qui peut nous choquer aujourd’hui, s’explique par le système graphique en vigueur à l’époque, la scriptio continua (écriture sans espace entre les mots ni ponctuation), et par le bilinguisme de la société égyptienne.

(2) Apprendre à écrire. Après l’alphabet et les premiers exercices d’écriture, le maître apprenait à ses élèves les syllabes, méthode qui a connu un succès sans faille jusqu’à l’époque moderne.

(3) Apprendre à lire et à développer son vocabulaire à travers des listes de mots classés par nombre de syllabes. Les critères qui ont présidé au choix de ces mots répondent à deux objectifs : (a) assouplir la prononciation avec des mots difficiles à prononcer ; (b) enrichir le vocabulaire et offrir une première initiation à la littérature.

(4) Apprendre à lire et à écrire des textes suivis, choisis parmi des paroles d’hommes illustres, des textes à forte connotation morale et de préférence en vers. Les textes du Papyrus Bouriant répondent très exactement à ce programme avec cinq dits attribués au philosophe cynique Diogène, vingt-quatre maximes en vers de Ménandre et le début du premier prologue des fables versifiées de Babrios. Ils suivent une parfaite progression pédagogique, à la fois dans la forme et le contenu, que nous dégagerons.

Ces méthodes, parce qu’ayant fait la preuve de leur succès, ont peu évolué. On est frappé par le conservatisme de l’enseignement grec, qui se mesure aux similitudes structurelles qui existent entre le P. Bouriant 1 et le « Livre d’école », séparés par presque un millénaire (même si le choix des textes témoigne d’une évolution avec le développement d’un canon scolaire d’œuvres classiques de plus en plus étroit).

On finira par s’interroger sur l’absence totale, dans notre papyrus, de textes chrétiens ou de mots renvoyant à des œuvres ou des concepts chrétiens alors même que la maître affiche son christianisme avec les croix qui commencent chaque page et l’invocation initiale (« Dieu, sois mon guide »). Ce cahier reflète en fait une attitude très répandue dans le milieu enseignant, relayant à son tour celle d’une grande partie des milieux intellectuels : plutôt que de renoncer au patrimoine classique, on s’y accroche en retenant ce qui continue à être utile pour la formation rhétorique et peut remplir une fonction moralisante, débarrassé de ce qui pourrait le rendre importun à une sensibilité chrétienne.