Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

(4) Les mathématiques. La formation que reçoit l’élève s’étend aussi au monde des chiffres (sous la forme d’opérations basiques). Les tables de conversions métrologiques écrites de la main de Dioscore (P.Lond. V 1718) pourraient se rattacher à ce type d’enseignement.

(5) L’initiation à la rhétorique : théorie et pratique. Les années de formation avec le grammatikos se terminaient avec une initiation à la rhétorique, qui constitue l’objet du dernier cycle, celui du sophiste. Or, on a retrouvé dans la jarre de Dioscore un feuillet contenant une Vie d'Isocrate et quelques notions de rhétorique, qu’il a compilées lui-même. Ces rudiments, purement théoriques, étaient complétés par des exercices pratiques, à savoir progymnasmata. Parmi les poèmes laissés par Dioscore, une partie relève de ces exercices, notamment des éloges et surtout des éthopées (consistant à faire parler tel personnage dans une situation donnée en fonction de son caractère).

(6) La mise en pratique de la rhétorique : la composition de documents. La nécessité de savoir composer des lettres devait souvent donner à l’enseignement du grammatikos un tour pratique expliquant que l’on ait retrouvé tant d’esquisses de lettres dans les papyrus considérés comme scolaires. Il est possible que Dioscore y ait formé ses élèves à partir d’un autre papyrus : un rouleau contenant une anthologie que Dioscore a composée en recopiant quatre documents (P.Cair.Masp. III 67295) : une plainte et trois lettres destinées à servir de modèles.

L’intérêt de ce dossier réside notamment dans les lumières qu’il apporte sur les objectifs que se fixe l’enseignement d’alors. On pourrait croire que les standards retenus par les maîtres sont ceux d’un âge révolu, que l’école se crispe sur un patrimoine sclérosé (Homère, Ménandre). L’enseignement du grammatikos est cependant bien en phase avec les exigences de la société. Pratique, il l’est dans sa volonté d’inculquer une maîtrise de la langue et une initiation au monde des chiffres qui soient les plus pragmatiques possible. Mais l’enseignement littéraire visait aussi l’efficacité, en l’occurrence l’acquisition d’une expression qui satisfasse la conception qu’on se fait alors du bien-dire et du bien-écrire, une expression qui se soumette aux règles de la rhétorique toute puissante codifiées par les manuels et dont on recherche les modèles chez les vieux auteurs comme Homère et Ménandre. Les exercices préparatoires proposés par les manuels et repris par les enseignants ne visent pas à enfermer l’élève dans une scolastique rhétorique, mais au contraire à l’armer face aux diverses situations d’énonciation qu’il aura à affronter plus tard. C’est, entre autres, ce que visent la pratique de l’éthopée, mais plus largement les grandes œuvres étudiées à l’école, et spécifiquement les auteurs qui se trouvaient dans la bibliothèque de Dioscore. Il n’est pas exagéré de dire que ces derniers deviennent d’une certaine façon, aux mains des maîtres, des manuels de rhétorique. On y recherche moins l’émotion ou le plaisir de la lecture qu’un ensemble de techniques à appliquer, de modèles à reproduire. L’expression « scolarisation de la culture » prend ici tout son sens.