Résumé
Si les papyrus documentaires sont a priori la source la plus fiable pour étudier le rythme de la christianisation de la population, il reste à établir une base statistique large permettant d’évaluer l’évolution du rapport numérique entre chrétiens et païens. Le premier à avoir proposé une solution est R. S. Bagnall (« Religious Conversion and Onomastic change », BASP 19, 1982) puisqu’il a suggéré d’établir des statistiques en utilisant le critère onomastique pour caractériser l’appartenance religieuse des individus. Cette étude pionnière a suscité des réactions parfois violentes ; pourtant M. Depauw et W. Clarysse (« How Christian was Fourth Century Egypt », Vigiliae christianae 67, 2013) ont récemment réaffirmé la validité de la méthode onomastique en s’appuyant sur la base des données prosopographiques de Trismegistos : les résultats ainsi obtenus, proches de ceux de R. S. Bagnall, situent le point de bascule du rapport numérique entre païens et chrétiens au milieu du IVe siècle et montrent qu’il aura fallu moins de deux siècles pour que l’Égypte se convertisse complètement au christianisme.
Le cadre historique qui servira de toile de fond à notre étude de la culture écrite ayant été ainsi posé, il est temps d’examiner comment le développement exponentiel du christianisme se traduit dans le domaine de la littérature.