Résumé
1. La littérature chrétienne (suite)
1.1. La suprématie de la Bible (suite)
1.1.1. L’Ancien Testament
D’après les papyrus, l’Ancien Testament est globalement plus lu que le Nouveau, mais ce succès est peut-être trompeur dans la mesure où il résulte de l’immense popularité des seuls Psaumes.
1.1.1.1. La popularité des Psaumes
Les Psaumes constituent non seulement le livre le plus lu et le plus souvent cité dans les listes de livres sur papyrus, mais il pourrait bien être aussi le premier livre biblique à faire son apparition dans les sources papyrologiques. Le succès de ce livre n’est pourtant pas un phénomène propre à l’Égypte.
(1) Les Psaumes dans la littérature exégétique
La popularité des Psaumes se mesure d’abord à l’aune de la production exégétique qu’ils ont suscitée : en Égypte, Origène en fut ainsi le premier grand commentateur, avant que d’autres grandes figures du christianisme égyptien ne s’attèlent à la tâche, comme Athanase ou Didyme l’Aveugle. Mais cette activité exégétique, qui renforce la popularité des Psaumes, en est surtout une conséquence.
(2) Les Psaumes dans la liturgie et la dévotion privée
Le grand nombre de papyrus de psaumes s’explique surtout par l’importance qu’a eu ce livre dans la vie des chrétiens : ils ont façonné dès les origines la liturgie chrétienne du fait de l’importance des parties chantées. En outre, la psalmodie était un exercice pratiqué tout au long de la journée dans les communautés monastiques : elle constituait notamment un remède idéal contre le « démon de midi » (Ps. 90, 6). Un des exemples les plus éloquents de la place des Psaumes dans la vie des ascètes est ainsi fourni par les trouvailles faites dans le monastère de Naqlun que l’on présente ici.
(3) L’influence des Psaumes sur les prières
Les Psaumes ont aussi servi de matrice formulaire pour les prières et ont même conduit certains chrétiens à élargir le répertoire en composant leurs propres psaumes (Hiéracas de Léontopolis), ou en les transposant en vers grecs (Apollinaire de Laodicée).
(4) Psaumes et pratiques « magiques »
Plus que des prières de louange ou de contrition, les psaumes sont aussi des textes poétiques auxquels on a pu conférer des pouvoirs magiques. Ainsi les amulettes relient de façon très explicite l’usage par les chrétiens du Ps. 90 – de loin le plus recopié – à des traditions magiques égyptiennes beaucoup plus anciennes, montrant ainsi qu’en matière de magie apotropaïque les chrétiens n’ont pas coupé les liens avec certaines coutumes païennes.