Résumé
À l’issue des cours de 2019, on a conclu que le daimōn était un agent répartiteur de biens et de maux parmi les hommes, tout autant qu’un agent manifestant l’un ou l’autre aspect de la puissance d’un dieu. Ce sont les deux faces complémentaires de l’instance distributrice qu’est le daimōn. Dès lors, la question de sa prétendue « inconsistance cultuelle » s’est posée. C’est à poursuivre une telle interrogation que s’attache cette leçon, par le biais de la figure de l’Agathos daimōn, le « Bon daimōn » tel qu’il est attesté dans le cadre du sanctuaire de Dionysos à Thasos, et sur une série de graffiti portés par des fragments de vases à boire mis au jour autour de la Mer Noire, en Sicile et à Athènes. Ces objets étaient manipulés à l’issue des banquets, au cours du symposium à l’ouverture duquel des libations de vin à l’Agathos daimōn sont attestées par des passages d’Aristophane et les gloses qu’ils ont suscitées. Il s’agit d’une offrande de vin pur, assortie d’une brève dégustation de ce liquide qui manifeste brutalement la puissance de Dionysos, avant de passer au vin coupé par l’eau de Zeus Sōtēr, « Sauveur ». Ce dossier vient soutenir, sous l’angle du rituel, l’interprétation du daimōn comme puissance d’action d’une divinité telle que les textes poétiques ont permis de l’appréhender l’an dernier.