Résumé
Différents reliefs à Zeus Meilichios ou Philios à Athènes, ainsi qu’un pilier dédié au daimōn Meilichios à Lébadée en Béotie, portent la représentation d’un serpent qui remplace même parfois l’image du dieu anthropomorphe dans le champ de l’image. Ce type de serpent, associé à la sphère suprahumaine, est celui que les Grecs appellent drakōn. Enfant de la terre dont il surgit et où il retourne, le serpent est aussi étroitement associé aux défunts et aux héros. Il ne se réduit pourtant pas à la qualité « d’animal chthonien » qu’on lui accole volontiers. Dans son traité sur l’interprétation des rêves, Artémidore en fait un animal royal, qui a la capacité de se régénérer, mais aussi le symbole du statut héroïque. Or, Zeus n’est pas un héros et le serpent qui apparaît sur les reliefs de Zeus Meilichios ou Philios ne peut être compris comme un marqueur de ce type. C’est donc plutôt la fonction du dieu que son statut que souligne l’animal, à savoir celle de pourvoyeur de bienfaits lié à la prospérité sous forme agraire, mais aussi sociale au sens large, fondée sur la philia. Le serpent « royal » est alors un mode d’expression de l’action du dieu parmi les hommes, à l’instar de l’Agathos daimōn et des daimones terrestres de l’œuvre d’Hésiode étudiés l’an dernier. L’atteste encore le parallèle offert par la figure de Sosipolis à Olympie, dont l’étiologie du culte fait un nourrisson transformé en serpent, et que l’iconographie figure en Agathos daimōn proche de Zeus.