Résumé
Les théories et les inventions de Le Corbusier dans des champs aussi divers que l’architecture, l’urbanisme, la peinture et la sculpture ont fait l’objet d’un nombre considérable de travaux historiques ou critiques, sur le fond d’investigations biographiques toujours plus minutieuses, nourrissant ouvrages et expositions. Depuis les années 1960 et l’ouverture des archives de la Fondation qu’il a créée, un continent scientifique semble avoir émergé. Un grand nombre de thèses de maîtrise et de doctorat ont été rédigées sur tous les aspects de sa production – plus de 700 selon une estimation mesurée, dont la moitié en anglais et un quart en français, la contribution ibérique étant particulièrement significative.
Ces travaux sont infléchis par l’actualité – celle de la politique, des idées, de l’art et de l’architecture –, et aussi par les avancées de la science historique, de l’esthétique et de la théorie littéraire. Les rapports de ses œuvres avec ses expériences personnelles et son appropriation de médias comme la photographie ou le cinéma ont inspiré de nouvelles études, dont la journée rend compte. Les stratégies esthétiques et rhétoriques fondant ses derniers projets sont également abordées au prisme d’analyses plaçant son invention formelle au centre de la réflexion.
Il est possible de définir une typologie des problématiques de recherche appliquées à une œuvre se déployant sur plus de soixante ans du vivant de Le Corbusier, qu’ont prolongée les campagnes tardives de construction, de Zurich à Firminy, en passant par Bagdad. Les chercheur.es correspondent en effet à différents profils : les corbulâtres (dans le registre de l’adulation) ; les corbumanes (dans le registre de l’obsession) ; les corbuclastes (dans le registre de la haine) ; les corbusceptiques (dans le registre du doute) ; et surtout les corbusologues, attachés à la construction méthodique de la connaissance.