Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

L’art du seuil et du bienvenir. Bienvenue : tel est le mot qui tapisse les aéroports en dix langues ou plus. Nom féminin, semble-t-il, mais ne faut-il pas se souvenir du verbe bienvenir symptomatiquement peut-être, qualifié d’inusité. Cette absence d’usage signifie-t-elle que le verbe, verbe d’action, a perdu son usage en perdant son sens et sa réalité ? Reste donc bienvenu qui est ce que l'on appelle si joliment un participe qui peut se singulariser au féminin et au masculin. C’est en songeant à ce bienvenir que je suis revenue vers l’abondant séminaire que Derrida a consacré à l’hospitalité, qui m’a semblé tellement tenté par une hyperbolisation de l’accueil inconditionnel que je me suis intéressée bien au contraire à ce que sont et peut-être doivent être les conditions d’un véritable accueil. Il ne s’agit pas pour moi de construire un concept absolutiste qui serait associé à la définition de toute vie politique car l’hospitalité devrait alors nécessiter la construction politique qui par voie de conséquence serait accueillante. L’hospitalité inconditionnelle apparaît finalement sous condition. Bien au contraire, partant d’un exemple anthropologique tout à fait concret, j’en ferais le modèle d’une construction où l’espace et les lieux d’accueil portent la marque d’une rupture radicale avec l’inhospitalité. Il s’agit de penser l’accueil avec le lexique sensible des corps, des lieux, des écarts et des partages. Bien venir a pour condition d'entrer dans les espaces de réception et dans ceux de la régulation des écarts.

Marie-José Mondzain

Marie-José-Mondzain

Ancienne élève de l’ENS, docteur en philosophie, directrice de recherche émérite au CNRS (Institut Marcel-Mauss), Marie-José Mondzain travaille sur le statut de l’image et des spectacles dans les civilisations occidentales et orientales, sur l’impérialisme visuel et audiovisuel des icônocraties modernes. Elle a animé à l’INA, de 1990 à 1996, Le Collège iconique, en collaboration avec Régis Debray. Elle a fondé et dirigé, de 1996 à 2018, L'Observatoire des images contemporaines (OBI) successivement à l’École des beaux-arts de Paris puis aux Ateliers Varan. Traductrice des textes de Nicéphore le Patriarche : Discours contre les iconoclastes, (Klincksieck, 1991).

Parmi ses ouvrages publiés se distinguent Image, icône, économie. Les sources byzantines de l’imaginaire contemporain, (Seuil, 1996) ; L’Image peut-elle tuer ? (Bayard, 2002); Le Commerce des regards, (Seuil, 2003) ; Homo Spectator, (Bayard, 2007) ; Images (à suivre). De la poursuite au cinéma et ailleurs, (Bayard, 2011) ; Confiscation : des mots, des images et du temps, (Les Liens qui Libèrent, 2017) ; K  comme Kolonie. Kafka et la décolonisation de l’imaginaire, (La Fabrique, 2020).

Intervenant(s)

Marie-José Mondzain

docteur en philosophie, directrice de recherche émérite au CNRS (Institut Marcel-Mauss)