Résumé
La « foutaise », discutée en philosophie depuis le célèbre essai de Harry Frankfurt, « On Bullshit » (1986), est une façon particulière de saboter l’intégrité du discours qui prolifère dans certains contextes contemporains de parole politique. Pourquoi, dans ces contextes, est-il si difficile de mener des débats productifs ? L’analyse classique de Frankfurt n’offre que des ressources limitées pour le comprendre. Elle ignore les exemples de foutaise qui ne concernent pas des assertions mais d’autres actes de langage, ainsi que les cas où la foutaise, loin de se cacher, est manifeste, voire ostentatoire. Je défends une conception étendue et non assertorique de la foutaise qui permet de caractériser plus précisément ses différentes formes, et le dommage spécifique qu’elle inflige à l’exercice du débat public.