Présidente de séance : Vinciane Pirenne-Delforge
Résumé
En septembre 1822, la publication de la Lettre à M. Dacier marque une étape fondamentale dans le long cheminement qui amena Jean-François Champollion au déchiffrement des hiéroglyphes : il y met en avant le rôle essentiel, dans l’écriture des anciens Égyptiens, d’un « alphabet phonétique » et affirme, sans encore le prouver, qu’il ne s’agit là en rien d’une innovation d’époque grecque. Cette déclaration qui fera date ne contient que peu d’éléments sur le fonctionnement du système hiéroglyphique dans son ensemble. Elle expose aussi son auteur à des accusations de récupération d’une découverte que son rival anglais Thomas Young revendique comme sienne. Dans les mois et années qui suivent, le savant français doit prouver que son déchiffrement repose sur une méthodologie incomparable à celle de ses concurrents et qu’il ouvre vers une compréhension de l’ensemble des textes de l’Égypte antique. Dès lors, du Précis du système hiéroglyphique de 1824 jusqu’à la Grammaire éditée en 1836 à titre posthume, en passant par les lettres adressées à ses soutiens ou ses détracteurs, Champollion s’est attaché à justifier, démontrer et affiner, à l’épreuve des témoignages écrits collectés sur les antiquités égyptiennes, les « principes » qui fondent sa « théorie générale du système hiéroglyphique ».
Laurent Coulon
Ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres classiques, ancien membre scientifique de l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO) du Caire, Laurent Coulon est actuellement directeur d'études à l'École pratique des hautes études, PSL, sur la chaire Religion de l'Égypte ancienne, et directeur de l’IFAO au Caire depuis 2019. Ses travaux s’attachent à l'histoire de la religion égyptienne, à travers l'étude du culte d'Osiris au Ier millénaire avant J.-C., particulièrement au sein du temple de Karnak. Ses recherches portent également sur la société de cour pharaonique et le rôle qu'y tiennent l'art oratoire et la littérature.