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Résumé

L’édition du Cours de Paul Valéry au Collège de France s’est faite en combinant pour l’essentiel des rédactions préparatoires des leçons avec des retranscriptions verbatim prises par une sténotypiste rémunérée par Gaston Gallimard, qui avait eu le projet très sérieux d’en tirer une publication. Maurice Blanchot disait en 1942 que le cours de poétique n’avait « pas encore » été publié, et les notes de Paul Valéry corroborent bien l’existence d’un tel projet de son vivant, car elles fournissent un plan du cours et parlent de « chapitres ». Mais Valéry avait du mal à reprendre son travail et à le peaufiner en vue d’une publication (« la forme coûte cher », affirmait-il), et il n'eut pas le temps de reprendre ses notes avant sa mort pour publier sa Poétique. Par ailleurs, Valéry donna l’autorisation à Georges Le Breton de publier dans la revue Yggdrasill les résumés du cours de la première année (1937-1938). La fidélité de ces résumés, qui ne couvrent toutefois qu’une partie de la première année, est confirmée par les transcriptions existantes.

Notre édition, qui vise à présenter un texte propre et fini plutôt qu’une édition diplomatique, destiné à une lecture fluide, a requis tout un travail sur les retranscriptions du cours par la sténotypiste. En effet, la prise de note en temps réel entraîne des erreurs ou des malentendus. L’édition a tenté de retrouver cette parole perdue par un effort d’interprétation des retranscriptions qui servent de relais, un concept très important pour Valéry.

Un relais, c’est un élément intermédiaire, dans une transmission, qui supprime toute relation directe et toute proportion entre le moment initial et le moment final. Il n’y a pas de commune mesure entre ce qui précède le relais et ce qui le suit. Ce concept est très important pour Valéry pour caractériser l’œuvre d’art. Le langage est un relais : pas de commune mesure entre l’intention de l’auteur (ou du producteur) et la compréhension du lecteur, du spectateur (ou du consommateur). Tout passe par un système conventionnel, qui est le langage, et qui signifie différemment pour le premier comme pour le second. Dans une certaine mesure, la transcription est également un relais. Le texte qu’elle produit est en partie (en partie seulement) indépendant du texte prononcé.

Ainsi une expression comme « la triade de Egger », qu’on lit sur l’une des feuilles dactylographiées par la sténotypiste de Gallimard, doit être corrigée en « triade de Hegel » ; de la même façon, le « marquis de Saxe » est en réalité la « marquise du Châtelet », etc. Il a fallu aussi gommer quelques effets d’oralité maladroite (tics, anacoluthes). Lorsque le travail a été effectué sur les notes préparatoires de Valéry, il a fallu rétablir les éventuels mots manquants, introduire les annotations marginales (manuscrites) dans le corps du texte (dactylographié ou manuscrit), interpréter les mots en rouge ou en capitales, etc.

Événements