Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

La séance s’ouvre par un hommage rendu à Daniel Roche, décédé le 19 février 2023, qui occupa au Collège de France la chaire Histoire de la France des Lumières, de 1999 à 2005, et renouvela profondément l’histoire sociale et culturelle de l’époque moderne.

Puis nous reprenons l’histoire des Tahitiens venus en Europe. C’est désormais le séjour de Mai qui fait l’objet de l’analyse. Celui-ci est arrivé à Londres en juin 1774. Immédiatement pris en charge par Joseph Banks, il est présenté au roi d’Angleterre, vacciné contre la variole, puis introduit dans tous les cercles de la bonne société anglaise. Sa présence fait sensation, car le public britannique se passionne alors pour les récits de voyage dans un contexte non seulement d’enthousiasme pour les découvertes scientifiques mais aussi d’effervescence autour de la culture impériale. Tandis que la révolte des colons a éclaté en Amérique du Nord, le nouvel horizon impérial se situe en Asie, en Inde mais aussi de plus en plus dans le Pacifique, avec le commerce chinois en arrière-plan. Deux épisodes retiennent particulièrement notre attention : la double rencontre avec Fanny Burney, qui montre les limites de l’imitation des manières anglaises comme performance sociale et le portrait de Mai peint par Joshua Reynolds, qui témoigne de la difficulté de représenter la différence (tatouages, habit de tapa) à l’intérieur d’un idéal néo-classique du portrait (traits affinés, pose aristocratique). On termine en montrant que le séjour de Mai en Europe correspond à une transformation rapide des représentations de la diversité humaine, l’idéal universaliste d’une nature humaine unique étant de plus en plus contesté par l’essor des typologies raciales, fondées sur des différences physiques pérennes, notamment la couleur de peau.