Dans le deuxième cours, nous avons examiné les capacités de communication vocale que l’on observe spontanément chez différentes espèces animales. Chez le primate non humain, ces capacités sont limitées à la production de cris d’alarme qui font référence aux différents types de prédateurs rencontrés. Seule une syntaxe rudimentaire a été rapportée, par exemple chez les singes de Campell. La capacité de composer des messages complexes et intentionnels semble totalement absente, et les parallèles avec le langage humain sont donc très limités.
Tel n’est pas le cas chez l’oiseau chanteur. Comme le faisait déjà remarquer Darwin, les oiseaux doivent apprendre à chanter, et cet apprentissage suit des étapes de babillage et de convergence progressive vers les « mots » cibles qui présentent des parallèles étroits avec l’apprentissage de la phonologie et du vocabulaire chez l’enfant. Les mécanismes neuronaux de la production vocale, et même la génétique de ces réseaux cérébraux, sont remarquablement parallèles chez l’oiseau et dans le cerveau humain. En revanche, au niveau syntaxique, il n’y a – pour l’instant ? – guère de preuve qu’aucune espèce d’oiseau ne soit capable de produire des phrases composées, organisées selon une syntaxe comparable à celle des langues humaines. Seules quelques relations complexes de dépendance à longue distance ont été rapportées chez le canari, et une forme de combinatoire sémantique fondée sur le nombre de syllabes chez la mésange à tête noire. En conclusion, à part le langage humain, aucun système spontané de communication animale ne semble faire appel à une syntaxe complexe pour faire référence à des contenus combinatoires.