Dans le quatrième cours, nous sommes revenus sur les études comportementales qui ont tenté d’inculquer, à des primates ou à un perroquet, un système symbolique combinatoire, même rudimentaire. L’analyse démontre que les compétences de ces animaux restent très limitées dans le domaine syntaxique. Leur apprentissage semble fondé sur la mémoire de combinaisons spécifiques de mots ou de symboles, plutôt que sur une authentique grammaire générative. Le contraste avec l’espèce humaine est frappant : que ce soit dans le domaine des mots ou dans celui des règles logiques, les humains, y compris les jeunes enfants, apprennent rapidement à découvrir les règles générales qui régissent un domaine, une compétence qui excède celle des singes macaques ou des chimpanzés.
Dans un article de revue publié dans Neuron, nous avons proposé une classification en cinq niveaux de la représentation mentale des séquences : connaissance des transitions temporelles d’un item à l’autre (chaînes de Markov), formation de groupes (chunks), codage de l’ordre numérique, schémas algébriques abstraits (par exemple xxY, une répétition suivie d’un item différent) et enfin structures arborescentes enchâssées, typiques des langues humaines (phrases formées de syntagmes enchâssés de façon récursive). L’analyse suggère que les quatre premiers niveaux sont accessibles aux autres espèces animales telles que le macaque ou même le rat. En revanche, il n’y a pas de preuve, au moins pour l’instant, que le cinquième niveau soit accessible à d’autres animaux que le primate humain.