Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme.

Sommaire

  • Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976
  • Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006)
  • « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde
  • « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009)
  • Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009)
  • Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire
  • « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match
  • Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire
  • Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865)
  • Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997)
  • Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness
  • Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge
  • Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIsiècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993)
  • Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016)
  • La septième pathocénose : un outil de périodisation
  • Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969)
  • Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011)
  • Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020)
  • La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte)
  • Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021)
  • Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017)
  • Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014)
  • La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011)
  • 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011)
  • Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies
  • De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge
  • Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique
  • La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016)
  • Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020)
  • Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire
  • La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires
  • Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ?
  • « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977)