Si la biodiversité est bien connue comme la diversité des différents niveaux d’organisation du monde vivant (diversité génétique, diversité des espèces, diversité des écosystèmes), elle se caractérise également par une grande diversité d’interactions entre les organismes vivants. Ces interactions étroites font de la biodiversité le « tissu vivant de la planète ». Parmi ces interactions, les mutualismes entre les plantes à fleurs et les animaux qui les pollinisent occupent une place centrale dans le fonctionnement des écosystèmes terrestres. En effet, les plantes à fleurs sont à la base de la plupart des chaînes alimentaires terrestres, y compris celles dont les humains font partie (agriculture) ; or, elles dépendent majoritairement des pollinisateurs pour leur reproduction.
Dans ce cours, je décrirai le fonctionnement des interactions plantes/pollinisateurs et leur coévolution depuis leur apparition il y a plusieurs centaines de millions d’années. Cette coévolution a produit une diversification formidable, notamment des formes, couleurs et odeurs des fleurs, ainsi que des réseaux d’interactions plantes/pollinisateurs complexes, qui ont permis leur stabilité au cours du temps. Je présenterai également la situation actuelle des interactions plantes/pollinisateurs. Les deux types de partenaires subissent les conséquences de la croissance de la population humaine et de l’accroissement moyen de son niveau de vie, qui sont associés à une destruction des habitats naturels, des pollutions des habitats restants, des changements climatiques ou des déplacements massifs d’espèces à l’échelle mondiale. Ces pressions sont responsables de changements majeurs dans la composition des communautés de plantes et des pollinisateurs, avec des conséquences possibles pour leurs interactions. Cependant, tous ces changements en cours restent mal connus, du fait d’un manque de données récoltées de façon homogène pour les plantes, plus encore pour les pollinisateurs, et plus encore pour l’interaction de pollinisation. Je montrerai le potentiel des sciences participatives, des partenariats entre chercheur(e)s et citoyen(ne)s autour d’un projet de recherche commun, pour améliorer la connaissance de la biodiversité et de ses changements au cours du temps, particulièrement pour les interactions plantes/pollinisateurs. Enfin, je m’intéresserai au fonctionnement de la pollinisation dans les espaces agricoles, où beaucoup de plantes cultivées dépendent des pollinisateurs pour leur production de graines ou de fruits. Je terminerai par les options de conservation possibles pour préserver les interactions plantes-pollinisateurs, à la fois pour elles-mêmes et pour les services qu’elles rendent aux sociétés humaines.