Comme le montrent les travaux qui viennent d'être examinés, les paradigmes d'amorçage subliminal mettent tout autant en valeur la réalité du traitement subliminal que ses limites. Le « propre de la conscience » commence à transparaître dans ces premiers résultats : En règle générale, les effets subliminaux ne s'obtiennent que dans des conditions d'automatisation importante, ils diminuent à mesure que l'on progresse dans la hiérarchie des opérations cognitives, et ils s'évanouissent rapidement au fil du temps sans conduire à des modifications rapides et durables du comportement.
Est-il dès lors possible d'associer la conscience à une ou plusieurs fonctions cognitives qui lui seraient propres, voire lui confèreraient un avantage sélectif qui expliquerait son apparition au cours de l'évolution des espèces ? Anthony Jack et Tim Shallice (2001) proposent d'appeler processus de type C un processus cognitif « qui ne peut traiter une information que si le participant rapporte être conscient de cette information ». Lionel Naccache et moi-même (2001) avons proposé trois grands ensembles de fonctions candidates : la maintenance explicite et durable de l'information en mémoire de travail ; le comportement intentionnel et volontaire ; et la flexibilité cognitive dans le choix et l'exécution de combinaisons nouvelles d'opérations, allant à l'encontre des stratégies routinières.