Comment déterminer avec certitude si un stimulus est ou n'est pas conscient ? Cette question reste débattue (Persaud, McLeod & Cowey, 2007 ; Schurger & Sher, 2008). Les tout premiers travaux faisaient simplement appel à l'introspection et au rapport verbal des participants. Dans un souci de plus grande rigueur, les trente dernières années de recherche en psychologie cognitive ont été dominées par la recherche de critères objectifs de conscience, fondés sur la théorie de la détection du signal. Selon cette perspective, un stimulus est dit non-conscient ou subliminal (en dessous du seuil) seulement si les performances restent au niveau du hasard dans une tâche directe de détection ou de classification (critère de d-prime nul). Une telle définition objective soulève toutefois de nombreuses difficultés. En premier lieu, elle surestime la perception consciente, puisqu'il n'est pas rare qu'un participant obtienne des performances supérieures au hasard tout en niant avoir perçu les stimuli. En second, les performances peuvent être meilleures que le hasard dans certaines tâches, mais pas dans d'autres, ce qui soulève la question de savoir quelles tâches comptent pour une définition de la conscience, et lesquelles sont simplement sous l'influence d'opérations non-conscientes. Troisièmement, l'approche proposée pose la difficulté statistique d'accepter l'hypothèse nulle (les performances ne devant pas s'écarter significativement du niveau du hasard). En réalité, la valeur du d-prime ne descend jamais tout-à-fait à zéro, et sa significativité statistique dépend alors uniquement du nombre d'essais dédiés à sa mesure, ce qui lui retire une bonne part de son caractère objectif.
Ce sont de telles raisons qui ont conduit à l'émergence récente de propositions nouvelles. Certains suggèrent un retour au pur rapport subjectif, par exemple fondé sur l'évaluation quantitative de la visibilité (Sergent & Dehaene, 2004). D'autres font appel à des jugements métacognitifs ou de second ordre tel que le pari sur la performance (voulez-vous parier que votre réponse à choix forcé était correcte ? Persaud et al., 2007).