Les plus anciennes formes considérées comme proches de l’« homme anatomiquement moderne » sont connues en Afrique de l’Est à partir de 200 000 ans avant le présent. En réalité, ni les données paléontologiques, ni le point de coalescence des génomes actuels ne permettent en toute rigueur de reconnaître un point de discontinuité particulier à cette époque. Il semble plutôt que l’on assiste à une évolution graduelle d’Homo sapiens, notamment sur le plan cérébral, et à une entrée progressive dans la variabilité anatomique actuelle entre 100 000 et 50 000 ans avant le présent. L’existence d’une zone restreinte d’origine des « hommes modernes » dans les régions subsahariennes a été défendue essentiellement sur la base de données génétiques, qui, malheureusement, ont ignoré les variations passées de l’environnement et de la distribution géographique des populations ancestrales. Les dernières populations de chasseurs-cueilleurs africains ne sont aujourd’hui que des populations reliques, souvent déplacées depuis l’essor de l’agriculture. Elles ne représentent qu’une infime partie des groupes qui ont jadis occupé les paysages africains, y compris l’immense zone saharienne périodiquement parcourue par des fleuves et couverte de végétation au cours du Pléistocène. Au fil du temps, ces populations qui ont fabriqué les phases récentes du Middle Stone Age présentent une complexité comportementale de plus en plus grande ainsi qu’une différenciation culturelle régionale de plus en plus marquée.
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Cours
Les premiers « hommes modernes »
Jean-Jacques Hublin
17:00 à 18:00