Le sommeil n’est que l’un des facteurs qui affectent notre mémoire. Celle-ci peut être définie comme l’ensemble des systèmes de projection des informations dans l’avenir. Comme le soulignent Schmidt et Bjork (1992), « l’objectif de l’apprentissage, dans la vie réelle, doit être de maximiser les performances futures et le transfert à des situations nouvelles. […] Les enseignants croient souvent que les facteurs qui maximisent la performance et la vitesse d’apprentissage pendant l’entrainement permettent d’atteindre ces deux objectifs. Or, toute une série d’expériences indique que cette hypothèse est souvent fausse. » En d’autres termes, enseignants et élèves se trompent parfois radicalement sur les conditions qui optimisent la mémoire.
Dès 1885, Ebbinghaus émet l’hypothèse que l’oubli suit une loi exponentielle en fonction du temps. Cependant, la vitesse de cette décroissance ainsi que son asymptote semblent varier selon les conditions. Quels facteurs déterminent l’oubli ? Un premier élément essentiel est la profondeur de traitement des stimuli : à durée d’exposition constante, les mêmes mots seront mieux retenus s’ils ont fait l’objet d’un traitement sémantique profond plutôt que d’un jugement superficiel. Faire l’effort de comprendre un mot ou une phrase facilite son rappel ultérieur. Henry Roediger et ses collaborateurs élèvent ce résultat au rang de principe : « Rendre les conditions d’apprentissage plus difficiles, ce qui oblige les étudiants à un surcroît d’engagement et d’effort cognitif, conduit souvent à une meilleure rétention. » (Zaromb, Karpicke et Roediger, 2010).