Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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La mort du sultan Mahmud II, survenue le 1er juillet 1839, marque un tournant décisif dans l’histoire de la modernisation ottomane. La situation politique et stratégique de l’empire avait atteint un creux dramatique : quelques jours avant la mort du souverain, l’armée ottomane avait été défaite à Nizib par les Égyptiens ; deux jours après son décès, le grand amiral avait fait défection, emmenant toute la flotte en Égypte. Son jeune fils et successeur, Abdülmecid, âgé d’à peine 16 ans, se retrouvait à la tête d’un empire en déliquescence menacé d’une invasion égyptienne que seul pouvait empêcher un protectorat de fait de la Russie.

Pourtant, quatre mois plus tard, un événement majeur viendrait redresser cette situation et faire renaître l’espoir de voir l’empire sortir de l’impasse. Le 3 novembre 1839 était proclamé le décret des Tanzimat, dont le nom, signifiant « réorganisations », évoquait l’intention de reprendre en main certains des aspects fondamentaux de l’État et de ses fondements juridiques. Invoquant la responsabilité d’un siècle et demi d’incurie et de non-respect de la Charia dans le déclin et l’échec de l’empire, l’édit préconisait une nouvelle législation prévoyant une répartition proportionnelle de l’assiette fiscale et de la conscription militaire, l’abolition de l’affermage, l’application de l’Habeas corpus, l’interdiction des exécutions sommaires et la protection de la vie, des biens et de l’honneur de tous les sujets, tant musulmans que non musulmans. Certains ont vu dans ce document une charte impériale, une ébauche de constitution ; d’autres n’y ont vu qu’une forte rhétorique visant à assurer la position et les intérêts de la classe dirigeante, et la protéger contre les velléités autocratiques du souverain ; d’autres enfin y ont vu un document qui s’inscrivait dans la continuité d’une réforme fortement teintée de la notion de « renouveau » dans la plus pure tradition naqshbandi-mudjaddidi. Le prince de Joinville, fils de Louis-Philippe, présent lors de la cérémonie, ne voyait dans cet édit qu’un « misérable bout de chiffon » qui ne pouvait guère sauver la « nation turque » de la décadence.