Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Après un rappel des principes méthodologiques de l’étude des dieux grecs, entre traditions et narratives et pratiques cultuelles, le nom de la déesse Déméter est interrogé. En effet, le mot mētēr, « mère », entre dans la composition du théonyme, tandis que le préfixe dē reste à ce jour inexpliqué. Le nom de Déméter se situe dès lors à mi-chemin entre la transparence des théonymes immédiatement signifiants pour une oreille grecque, comme Dikè, « Justice », ou Peitho, « Persuasion », et l’opacité d’autres noms divins, parmi lesquels ceux des Olympiens comme Aphrodite, Héra, Hermès ou Artémis. Si son nom fait de Déméter une mère, l’opacité du préfixe empêche de savoir à quel type de mère le théonyme faisait référence. Les Anciens se posaient déjà la question, et nombre de spéculations plus ou moins érudites, associaient dē à gē, et donc à la terre. Mais la figure globalisante – et souvent considérée comme « originelle » – d’une « Terre-mère » ou d’une « Déesse-mère », susceptible de ressortir de ces réflexions anciennes, reste vague. Un tel constat n’aide guère à comprendre les relations qui se nouent au sein du monde des dieux à la période historique, car d’autres déesses sont des « mères » ou sont rapprochées de la terre. Il convient dès lors d’affiner les outils d’analyse. Pour ce faire, une première approche de la figure de Déméter en explore les manifestations dans l’épopée homérique. Dans les interstices des intrigues de l’Iliade et de l’Odyssée dont, pas plus que Dionysos, elle n’est une protagoniste notable, Déméter affleure comme déesse de la terre cultivée, la terre des labours. On constate l’étroite relation qui s’opère entre l’action de la déesse, le travail accompli par les hommes au fil des saisons et l’alimentation spécifique qu’ils en obtiennent, à savoir le grain qui fait d’eux des mangeurs de pain.