Au fil des cours précédents s’est affirmée toujours davantage la relation entre l’action de Déméter parmi les humains et la croissance des céréales. En conséquence, il est de bonne méthode de poser, au moins à titre d’hypothèse préliminaire, que les fêtes célébrées en son honneur ont un lien avec cette action spécifique de la déesse dans le monde, même si la compréhension des rituels qui scandent le cycle agraire ne peut que s’enrichir de l’intégration d’autres dimensions, qu’elles soient anthropologiques, sociologiques, politiques.
Les karpoi de Déméter sont avant tout les fruits « secs » de la production agricole, à savoir les céréales et les légumineuses. Entre la culture des semis et celle des plantations qui caractérisent l’agriculture grecque, c’est la première que Déméter prend en charge, quand Dionysos est davantage concerné par la seconde. L’« usage des champs » dont témoignent Les Travaux et les Jours d’Hésiode est centré sur les erga de Déméter à accomplir au fil des saisons. Mais à ce cycle des travaux – qui est de la responsabilité des hommes sous l’égide de Déméter – s’ajoute le cycle végétatif lui-même – dont les dieux ont la maîtrise. L’ambivalence de l’expression Δημήτερος ἔργα réside dans la double portée du génitif : il s’agit à la fois des travaux agricoles, mais aussi des actions de la déesse elle-même sur la vie végétale. C’est dès lors le cercle vertueux de l’échange entre hommes et dieux que dessinent les fêtes liées à la terre des semences. Sont ici analysées les données issues de documents attiques, brièvement comparées au calendrier des fêtes agraires de l’île de Mykonos.