Après une mise au point sur les différents sacrifices prévus au Thesmophorion de Délos, c’est la prédilection manifeste de Déméter pour les porcins qui est analysée, notamment mais pas seulement, quand elle est Thesmophoros. Que ce soit dans les données littéraires, épigraphiques, zooarchéologiques ou coroplastiques, l’association avec cette espèce animale, si elle n’est pas exclusive, est massivement représentée. En outre, si Déméter et sa fille ne sont pas, loin s’en faut, les seules divinités à recevoir ce type d’animal en offrande, leurs rituels et sanctuaires sont assurément en première ligne pour les sacrifices de ce type, à toutes les étapes du développement de l’espèce et, pour les femelles vouées à Déméter, quand elles sont pleines également. Lors des Thesmophories, des sacrifices de type thusia, suivis d’un banquet festif, impliquaient l’immolation de porcins. L’un ou l’autre holocauste pouvait également être accompli. Quant à la précipitation de porcelets dans les cavités appelées megara, en l’état actuel de notre documentation, il est particulièrement délicat de généraliser la pratique décrite par le texte de la scholie à Lucien et d’en saisir le détail (les porcelets étaient-ils toujours vivants ?) Les variations locales sont rarement apparentes, même si l’on sait, par exemple, que le deuxième jour des Thesmophories athéniennes s’appelait Nesteia (« le jeûne »), tandis que le jour correspondant à Thasos s’appelait Prostropè (« la supplication »). Les distinctions étaient sans doute plus importantes que ne le laissent paraître les fragments d’information dont nous disposons. Toutefois, partout où elle était honorée, la déesse Thesmophoros détenait quelques clés essentielles du devenir de la polis : l’obtention de la nourriture céréalière pour la communauté et la fécondité de ses citoyennes, deux éléments indispensables à sa continuité.
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