Résumé
Lorsque les œuvres reviennent, le musée n’est qu’une option parmi une palette de destinations possibles, mais, dans nombre de cas, singulièrement pour les œuvres déjà très connues, les pièces retrouvent leur emplacement initial. Les objets ont alors en quelque sorte changé de statut, mais leur restitution est une simple relocation. Leur vie de pièce de musée reprend. C’est le sort d’une partie des collections vaticanes en 1816, de la Vénus Médicis, qui retrouve sa place dans la tribune des offices à Florence. C’est aussi le cas dans l’espace allemand de plusieurs pièces, dont les antiquités du musée Fridericianum de Kassel, considéré comme un incunable de la construction des musées en Europe, car c’est en 1779 le premier bâtiment sur le continent à avoir été conçu pour être un musée. C’est enfin le cas de la Gemäldegalerie de Vienne, qui avait déménagé en 1785, vingt ans avant l’arrivée des Français, depuis le palais du Belvédère, et dont l’intégralité de la collection avait été saisie par Dominique Vivant-Denon.
D’autres cas sont plus problématiques et douloureux. Pendant les guerres d’occupation française et les vingt ans que dure en Allemagne le royaume de Westphalie, les musées sous domination française ont été maltraités, parfois même détruits. D’autres musées ont également été déconsidérés au retour des pièces, jugés trop petits, trop liés au XVIIIe siècle ou, à l’instar du musée de Munich, inaptes à représenter la puissance nationale du royaume de Bavière.
Le temps nécessaire pour que s’amorce une réflexion sur la juste place des œuvres revenues varie alors sensiblement d’un cas à l’autre, qu’il soit particulièrement rapide – quelques semaines à peine pour les collections vaticanes – ou extrêmement lent, comme à Berlin, où le musée n’a ouvert qu’en 1830, après quinze ans de discussions sur le modèle scientifique à adopter.