La Société Asiatique est née à Paris en 1822, à une époque où les études orientales excitaient dans le monde intellectuel un sentiment général de curiosité et d’attente. Première société savante de ce genre en Europe, elle servit notamment de modèle à la Royal Asiatic Society créée à Londres un an plus tard. Les buts de la Société Asiatique étaient « d’encourager l'étude des langues de l'Asie » en favorisant la rédaction et la publication de dictionnaires et d’ouvrages pédagogiques, « de se procurer les manuscrits asiatiques, les répandre par la voie de l'impression, d'en faire faire des extraits ou traductions », et « d'entretenir des relations et une correspondance avec les sociétés (...) et avec les savants asiatiques ou européens » (Règlement de 1822, § I art. 1 à 3).
Les champs d'intérêt de la Société ont rapidement dépassé la philologie pour englober l’ensemble des études orientales. Depuis près de deux siècles, les membres de la Société sont des spécialistes de l’Orient : français et étrangers, professionnels ou amateurs, de toutes les disciplines. La tenue de séances mensuelles et de colloques annuels, la publication sans interruption depuis 1822 du Journal Asiatique et d'ouvrages constituent les principales activités de la Société Asiatique. En outre, elle a développé une bibliothèque spécialisée, patrimoine inestimable, qui est utilisée par de nombreux chercheurs.
Association indépendante, reconnue d'utilité publique dès 1829, la Société Asiatique entretient des partenariats avec des institutions prestigieuses comme le Collège de France ou l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, auxquelles ont appartenu et appartiennent un grand nombre de ses membres. Sa bibliothèque était installée depuis 1989 au 52, rue du Cardinal Lemoine, en vertu d'une convention signée entre le Ministère de l'Éducation nationale et la Société Asiatique en application d'un engagement perpétuel de l'État datant de 1924. Elle y trouve naturellement sa place aux côtés du pôle Extrême-Orient du Collège de France.
La bibliothèque de la Société Asiatique est le fruit de la succession de dons et de legs effectués depuis la fondation de cette société savante. Elle s’est enrichie également par échanges entre le Journal Asiatique, périodique scientifique biannuel, et la plupart des revues internationales consacrées aux études orientales et par le don de leurs propres publications de la part de ses membres.
Actuellement, la bibliothèque compte plus de 100 000 volumes (en 54 langues, de 80 pays), 200 titres de périodiques vivants, auxquels s’ajoutent des documents iconographiques, des cartes, estampages, photographies anciennes, ainsi que des fonds d’archives dont certains sont en cours de classement.
Cet ensemble – d’une diversité et d’une richesse remarquables – reflète les intérêts et les champs scientifiques des orientalistes prestigieux ou moins connus qui ont légué leur bibliothèque personnelle à la société dont ils furent membres et parfois administrateurs. Les fonds les plus importants numériquement et par la rareté de leur contenu sont ceux d’Edouard Chavannes (1865-1918), Henri Maspero (1883-1945), Paul Demiéville (1894-1979) et Jean Filliozat (1906-1982). D’autres fonds moins vastes, mais d’un immense intérêt scientifique, sont également conservés : on peut citer, entre autres, les fonds James Hamilton (1923-2003) et Louis Bazin (1920-2011) pour le monde turc et l’Asie centrale, les fonds Foucher (1865-1952) et Emile Sénart (1847-1928) pour l’art bouddhique et l’Inde, ainsi que le fonds tibétain légué par Jacques Bacot en 1971.
Seule bibliothèque privée associée aux bibliothèques du pôle Extrême-Orient du Collège de France, elle complète les collections et renforce la synergie de l'Institut des Civilisations.
La consultation des manuscrits orientaux, de certaines cartes et des archives est soumise à l’accord du président de la Société Asiatique à qui il convient d’envoyer une demande écrite.
En 2018, les collections de la bibliothèque ont été labellisées « Collections d’excellence » par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.