Résumé
Pour parler de ce qu’il faudrait « protéger » dans la « nature », le terme « biodiversité » élaboré en 1983, est devenu hégémonique dans la biologie de la conservation, puis dans les politiques publiques, et enfin dans les médias. En lui-même, c’est un concept intéressant et opératoire, lorsqu’il est appliqué dans les contextes pertinents. Mais lorsque la biodiversité devient le nom hégémonique du monde vivant, et plus un instrument de mesure, le concept bloque les possibilités de pensée et d’action nécessaires pour l’avenir – parce qu’il masque ce que le vivant est vraiment, et qui nous sommes en lui. Quand cette unité de mesure prend la place de ce qui est mesuré, cela transforme le vivant, puissance quotidienne de terraformation qui rend la Terre habitable, nous façonne et nous irrigue de l’intérieur, en liste d’entités apathiques, fragile et en attente de notre gestion toute puissante. Pour changer de projet de société, nous avons besoin de penser le monde vivant comme ce qu’il est vraiment : quelque chose d'actif, d'organisé, de constitutif, de jamais en attente, tramant toujours l'habitabilité de ce monde en nous et hors de nous.