Film : Kippour (2000)
Kippour (2000)
Durant la guerre de Kippour en 1973, je faisais partie d’une équipe de sauvetage. Pour nous, l’ennemi c’était la mort : il fallait sauver des gens. Lorsque notre hélicoptère a survolé le territoire syrien, j’ai vu des villages, des jeeps, des bases, et c’est à ce moment-là que le missile nous a touché et que notre hélicoptère s’est écrasé. De sauveteurs, nous sommes devenus des victimes. J’avais commencé à filmer avec une petite caméra Super 8 pendant la guerre, mais j’ai mis 27 ans avant de pouvoir réaliser un film de fiction sur cette expérience. En 27 ans, ce qui n’était qu’un traumatisme personnel a pris une dimension symbolique. Israël est un pays bizarre : à chaque fois que vous pensez avoir réglé votre relation avec lui, vous réalisez que la réalité s’est déplacée, qu’elle est en transformation permanente. Je suis conscient de n’être qu’un individu à l’intérieur de ce grand mécanisme, peut-être un témoin, presque dans le sens hitchcockien du terme : au sens de témoin d’un crime. Je ne parlerai pas en termes de mission, mais il y a quelque chose que je dois traduire à travers mon propre regard. En même temps, Israël est un pays très touchant, il y a quelque chose de réel et direct, les choses sont très brutes, pas camouflées, plutôt assez exposées. Tout cela mérite un regard fort.