L’évolution de l’homme est une « construction de niche » comme on en connaît de nombreuses dans le monde vivant : une modification du milieu qui créée un environnement artificiel favorable à l’espèce et auquel elle est bien adaptée. Chez les hominines, cette adaptation comporte des aspects biologiques mais aussi des aspects comportementaux dans lesquels la technologie, la complexité sociale et donc un cerveau très performant jouent un rôle essentiel. L’économie de l’énergie chez les hominines s’est ainsi graduellement centrée sur la priorité donnée au cerveau et à ses besoins. Les modifications de l’environnement par les hommes n’ont pas commencé à l’ère industrielle. Elles sont bien plus anciennes et déjà perceptibles dès le Pléistocène, notamment à travers l’impact de la prédation humaine sur le monde animal. Le feu comme outil pour transformer les paysages a sans doute également été l’un des moyens employés par les hommes paléolithiques pour se créer un environnement plus favorable à leur mode de vie et à l’exploitation des ressources animales. À l’Holocène, le développement de l’agriculture s’est traduit par les premières émissions de gaz à effet de serre. En retour, cette construction de niche a elle-même affecté le génome humain. En relation avec le développement d’un cerveau de plus en plus gros et mieux connecté, et surtout du défi énergétique qu’il représente, les hommes ont perfectionné une forme coopérative de reproduction qui explique en grande partie leur succès adaptatif et un degré de pro-socialité inégalé au sein des primates.
17:00 à 18:30
Cours
L'évolution humaine : une construction de niche
Jean-Jacques Hublin