Résumé
Une grande attention scientifique a été portée sur le caractère militaire et défensif des provinces frontalières de Rome, le commerce n’étant reconnu comme un élément significatif que dans des cas rares ou exceptionnels (Inde, route de la soie). À partir d’une étude centrée sur le Sahara central, cette contribution soutiendra que les contacts économiques aux limites de l’Empire romain étaient plus généralement à la fois complexes et importants. Dans une large mesure, les relations commerciales au-delà des territoires provinciaux ont étayé les tentatives romaines de contrôle hégémonique au-delà de la zone de garnison, et ont donné aux voisins de l’Empire des stratégies alternatives à la guerre et aux raids sur lesquelles construire leurs propres relations avec l’Empire. Les Garamantes étaient le peuple le plus important du Sahara central, un royaume puissant et peuplé, basé sur de vastes communautés agricoles oasiennes sédentaires et des groupes pastoraux aux environs. Les travaux pionniers de Charles Daniels dans les années 1960-1970 et mes propres enquêtes dans leur territoire du sud de la Libye ont fourni une quantité substantielle d’informations sur leurs relations économiques avec l’Empire romain. Un aspect jusque-là méconnu a été la démonstration que les Garamantes ont développé une capacité manufacturière importante (métallurgie, production textile, fabrication de perles, travail du verre) pour desservir leurs réseaux commerciaux sahariens. Ces nouvelles données nécessitent une réévaluation significative de la nature des relations de Rome avec ses voisins sahariens.