Résumé
Dans le dernier cours, nous avons examiné jusqu’à quel point les techniques de décodage multivarié, appliquées aux signaux d’IRM ou de MEG, permettent de décoder le contenu conscient des sujets scannés, (« la pensée »). Comme je l’ai souligné dans Le code de la conscience (Odile Jacob, 2014), de nombreux paradigmes permettent aujourd’hui de contraster le traitement conscient ou non-conscient d’une information visuelle ou auditive. Le cours a passé en revue toute une série de résultats récents qui convergent pour suggérer que l’accès d’une information à la conscience correspond, au niveau cérébral, à un embrasement tardif (~300 ms après la présentation du stimulus), au cours duquel le cerveau stabilise un code neural « métastable » (durable à l’échelle de quelques centaines de millisecondes).
Des recherches récentes indiquent cependant que ce contraste n’est pas aussi tranché qu’on le pensait. D’une part, les travaux récemment menés au laboratoire par Jean-Rémi King montrent que l’activité cérébrale évoquée par un stimulus non-conscient peut demeurer détectable pendant plusieurs secondes. D’autre part, après l’accès à la conscience, l’activité cérébrale évoquée par un stimulus conscient n’a pas nécessairement besoin de rester active et stable tout au long d’un délai – il existe une forme de mémoire de travail silencieuse (activity-silent working memory) qui permet l’encodage des représentations sous une forme « dormante » (probablement codée par des changements rapides d’efficacité synaptique) et qui peut, à tout moment, être récupérée en mémoire active et consciente.