La chaire nouvellement créée d’Oncologie cellulaire et moléculaire se propose d’explorer les maladies cancéreuses dans leurs multiples facettes biologiques. L’étude du cancer a permis la découverte de très nombreux mécanismes fondamentaux de la biologie des cellules normales. En effet, les dérèglements cellulaires associés aux maladies « malignes » touchent presque tous les aspects de la vie de la cellule et des relations des cellules de l’organisme entre elles. Ces connaissances commencent à être utilisées pour mieux prendre en charge les patients. L’enseignement de la chaire portera une attention particulière aux approches dites « translationnelles », ces interfaces entre études cliniques et biologiques qui ont permis des progrès spectaculaires, mais malheureusement encore trop restreints à des pathologies rares.
La leçon inaugurale, intitulée « Oncologie, de l’empirisme à la biologie moderne », a eu lieu le 8 janvier 2015. Les cours se sont ensuite déroulés jusqu’à la mi-février. Dans cette première série de cours, j’ai voulu proposer une perspective historique des recherches sur le cancer, de la naissance de l’anatomie pathologique au XVIIIe siècle, à l’explosion actuelle de la génomique.
Ce premier cours a ainsi dressé un panorama de l’histoire de la connaissance des tumeurs, depuis le rôle joué par la microscopie dans leur définition, jusqu’à la génomique et le cancer expérimental chez l’animal. J’ai ensuite insisté sur l’importance des travaux épidémiologiques menés à partir des années 1950 dans l’identification des facteurs de risques des cancers prévalant chez l’homme. Le rôle majeur des infections virales et de l’intoxication tabagique a alors été souligné. J’ai ensuite présenté les apports de la virologie, en particulier celle des rétrovirus, à l’identification des premiers gènes du cancer (oncogènes). Les études des virus ayant un génome constitué d’ADN ont permis la découverte des anti-oncogènes (en particulier p53, gène maître de la réponse au stress, et RB, régulateur principal de la prolifération) qui sont souvent liés et inactivés par des protéines virales. Ces anti-oncogènes peuvent aussi être inactivés par des mutations présentes dès la conception (mutations germinales) dans de rares formes familiales de cancers.