1. On a commencé par présenter L’ampleur du défi sceptique en insistant, d’une part, sur le caractère non naturel et naturel du doute et, d’autre part, sur l’ampleur du défi tel qu’il se présente en particulier sous la forme du scepticisme humien. Puis on a recensé les possibles degrés et variétés du doute avant de présenter les figures nouvelles du scepticisme dans la philosophie contemporaine, en soulignant les problèmes de définition et d’unité du scepticisme ; ses versions antiques et modernes, et sous quelle forme sont reprises ces variantes dans les figures du scepticisme contemporain. On a commencé à rappeler les quatre attitudes que nous pouvons adopter relativement à nos croyances : 1) les juger vraies et les approuver : « C’est tout de même vrai qu’on sait des tas de choses ! » ; je sais (dogmatismes de tout poil) ; 2) Je sais, mais de façon seulement probable (version Carnéade : probabilisme) ; 3) il m’est impossible de déterminer si je sais ou si je ne sais pas ; dès lors, je procède à la suspension de mon assentiment (pyrrhonisme) ; 4) tout bien considéré, je ne sais rien (scepticisme dogmatique).
2. Puis on a présenté les deux formes classiques du défi sceptique relativement à la connaissance que sont le défi d’Agrippa et le défi cartésien.
a) Le défi cartésien et l’argument d’ignorance. Une hypothèse sceptique est une possibilité d’erreur qui est incompatible avec la connaissance que nous croyons avoir, mais dont il nous est également impossible de mesurer le caractère normal ou non : tel est le scénario cartésien ou le scénario putnamien (H. Putnam, 1984). D’où la formulation de l’énigme ou du « paradoxe » sceptique : Sc1 : Je ne peux pas savoir que les hypothèses sceptiques (par exemple que je rêve ou que je suis un cerveau dans une cuve (CC) sont fausses ; Sc2 : Si je ne sais pas que les hypothèses sceptiques sont fausses, je ne sais pas grand-chose ; Sc3 : Donc je ne sais pas grand chose. (Or je sais quantité de choses : la conclusion est donc « paradoxale »). On peut aussi énoncer le paradoxe sous la forme dite de « l’argument d’ignorance » (DeRose, 1995 : 1. Je ne sais pas que non-H ; 2. Si je ne sais pas que non-H, alors je ne sais pas que O ; 3. Donc, je ne sais pas que O). Il y a d’autres formulations possibles : pour savoir que P, je dois éliminer toutes les possibilités que non-P. ; je ne peux pas éliminer toutes les possibilités que non-P ; donc, je ne sais pas que P. Ou encore : si je sais que P, alors je n’ai pas de raisons de douter que P ; X est une bonne raison de douter que P ; donc je ne sais pas que P.
b) Le défi d’Agrippa. On rappelle la définition de la connaissance (K) donnée à partir de Platon : (K) : S sait que P si et seulement si : a) S croit que P ; b) P est vrai ; c) S est justifié à croire que P. Et ce qu’ont été les principales réponses proposées à cette définition aporétique de la connaissance, soit dans les versions internalistes (fondationnalisme – arbre cartésien – et cohérentisme – radeau de Neurath) soit dans les versions externalistes (Dretske, Nozick, Goldman) de la justification. On rappelle aussi la formulation contrefactuelle donnée par Nozick (1981) (qui repose sur l’idée d’une condition de sensibilité à la vérité que l’on « suit à la trace ») : KT : S sait que P si et seulement si : 1) P est vrai ; 2) S croit que P ; 3) si P n’était pas vrai, S ne croirait pas que P ; 4) si, dans des situations contrefactuelles, P était toujours vrai, S croirait toujours que P.