Le but de ce cours est de présenter comment l’étude de la variabilité génétique dans les populations humaines permet de reconstruire l’histoire démographique de notre espèce. Ainsi, l’étude de la diversité génétique neutre a permis de mettre en évidence plusieurs caractéristiques génétiques de l’espèce humaine : (i) une diversité génétique réduite par rapport aux grands singes, (ii) la plus grande partie de la diversité génétique observée dans notre espèce est due à la diversité au sein des populations elles-mêmes et non pas aux différences entre populations, et (iii) les distances génétiques entre populations sont généralement proportionnelles aux distances géographiques. Ces faits ont permis de conclure que nous sommes une espèce récente et que la migration est une des forces évolutives les plus importantes dans le façonnement de la diversité génétique de notre espèce.
Une partie importante du cours sera consacrée aux origines africaines d’Homo sapiens, aux migrations au sein de l’Afrique et vers le reste du globe, et aux interactions entre chasseurs-cueilleurs et agriculteurs. J’ai également abordé comment les études génomiques nous renseignent sur l’époque à laquelle notre espèce a quitté l’Afrique. Elles semblent indiquer que cette dispersion, il y a environ 40 000 à 80000 ans, a été suivie d’une colonisation rapide de l’Asie méridionale, de l’Australie, de l’Europe et de l’Asie orientale. Les humains ont même atteint des lieux plus lointains, les Amériques, il y a environ 15 000 à 35 000 ans, et les îles reculées de l’Océanie, où ils se sont installés il y a seulement 1 000 à 4000 ans. Le fait que la diversité des populations diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’Afrique témoigne de goulets d’étranglement et d’effets fondateurs à l’origine d’une perte continue de diversité génétique au cours des migrations de populations humaines à travers le globe.